Beaucoup m’ont dit que ce n’était pas vraiment
sans électricité car je pouvais recharger mon ordinateur dans les cafés ou
parce que je m’étais gardé le frigo branché. En effet j’aurais pu aller plus
loin, me lancer dans un remake de Survivor version Montréalaise, mais ce n’était
pas le but de l’opération. Les « 7 jours sans » restent avant tout un
prétexte pour écrire et étant en plus une très mauvaise joueuse, je préfère
inventer mes propres règles du jeux.
Ce ne fut pas l’expérience la plus drôle, il
n’y a rien de drôle à ne pas pouvoir se faire cuire un œuf, mais certainement
la plus enrichissante depuis que j’ai lancé le blog.
Faire le résumé de cette semaine ne va pas être
évident, non pas parce que je dois m’éclairer à la bougie (non non ca y est mon
compteur hydro danse la samba de nouveau) mais parce que de m’être privé d’électricité
m’apporte à explorer plusieurs pistes de
réflexion qu’il va falloir que j’essaie d’organiser sans vous écrire un roman.
Je me laisse donc le plaisir d’écrire avec un petit
verre de vin, en espérant que mon correcteur d’orthographe saura relever les
incohérences pour moi.
Comme je le disais à mon cher ami cet après
midi, initiateur de l’idée « sans électricité », ce qui pourrait
résumer cette semaine, c’est que plutôt que de chercher à m’abrutir, j’ai
cherché à me divertir.
Nous connaissons tous les lendemain de veille
difficile, ou la seule vision à long terme de la journée, est calculée en
fonction des épisodes de série tv. Le genre de matin ou il fait bon rester dans
son lit, se faire un bon café, et se rendormir quand les paupières commencent à
s’alourdir sous l’effet des advils.
Je suis de ce genre là. Pas proactif pour un
sous préférant imiter mon chat que d’aller me lancer dans de multiples activité
comme le font mes amies mamans.
Autant vous avouer que samedi matin j’ai
déchanté au réveil, tant les 12 coups de minuit s’acharnaient à taper dans le
fond de mon crâne.
Je me suis levée péniblement, lâchant un grand
soupir quand mon cerveau en pilotage automatique réalisa que la seule façon
d’avoir un café était d’aller en chercher un.
Révélation d’une vie ce matin là. Rien que de
sortir sous ce beau ciel bleu, que de me commander un café en terrasse et de me
surprendre à lire les pages culturelles, je me sentais bien. Je me sentais à ma
place, bien plus que dans mon lit à regarder les photos prises la veille sur Facebook.
C’est alors la tête plus légère et le cœur
remplie d’une admiration des plaisirs simples que je suis retournée chez moi.
Ma journée m’a parue immensément longue, et remplie.
Jardinage, fête d’enfant, verre entre amis,
l’équivalent d’une fin de semaine en une journée.
Je ne saurais quantifier le temps passé sur
nos ordinateurs ou autres divertissement, et je ne pense pas que le point soit
la dessus. C’est plutôt l’ambiance dans lequel cela nous plonge. Le sentiment
de faire quelque chose mais de ne rien accomplir, un peu le même sentiment
après une journée de shopping ou l’on achète rien de spécial, que des petits
gugusses mais qui bout à bout nous ont couté le même prix qu’une belle pièce
que l’on s’interdit de s’offrir (c’était ma traduction spéciale fashonista).
Autre révélation et non pas des moindres c’est
le rapport avec le silence. Ne pas avoir le reflexe dès le matin d’allumer la
musique, les infos, et de commencer mes activités en ayant toujours une oreille
ou mon attention sur deux choses à la fois. Le silence est assez angoissant, il
l’est particulièrement dans les conversations, mais il suffit de l’apprivoiser,
de ne pas le subir, mais de le prendre
comme choix.
On réapprend à surprendre des conversations
dans la ruelle dans son petit coin d’obscurité et à lire des livres car c’est
encore une des meilleures façons d’apprivoiser le calme, tout en laissant la
place à de nombreux personnage de s’exprimer.
… C’est bien beau tout ça, mais la révélation
la plus douloureuse c’est que quand il pleut, que ton appartement est plongé
dans le noir, que tu viens de rentrer chez toi mouillé de ta tête aux pieds et
que tu ne peux ni te faire un thé chaud, ni te faire à manger et encore moins
te distraire, car même lire à la bougie est franchement désagréable. Et bien tu
t’ennuies. Le sentiment d'ennuie est un sentiment que l’on est de moins en
moins amené à connaitre. On le tue avant même qu’il n’apparaisse, on s’allume
la TV ou on fait son ménage, bref dès que l’image même de l’ennuie ne traverse
notre esprit.
Donc qui dit pas d’électricité, dit pas de
lumière pour lire, pas de ménage car pas d’aspirateur, puis comment dire,
ranger dans le noir on a déjà connu des idées plus brillantes que celle-ci,
mais pas d’électricité quand il pleut ça
veut aussi dire pas de réconfort. Pas de thé. Pas de fameuse boisson
réconfortante que d’autres préfèrent sous forme de chocolat chaud. C’est au
deuxième jour de l’expérience rythmé par un constant clapotis que j’ai été à
deux doigts de tirer mon BBQ sur le rebord de la cuisine et de prendre le
risque de bruler ma bouilloire, et l’appartement par la même occasion.
Hier, dernière soirée avant la re-branchement
de mon compteur j’avais une sorte de nostalgie de fin de vacances. La fin d’une
semaine plutôt agréable finalement, et surtout reposante.
J’ai pris goût à ma nouvelle routine, et puis
maintenant que le serveur de mon café connait ma commande, je me sentirais presque
ingrate de ne plus y aller quotidiennement.
Je pourrais vous en écrire encore des tonnes
sur la beauté de l’éclairage à la bougie, sur l’enfer de ne pouvoir utiliser
son séchoir à cheveux ou sur le plaisir de regarder les lumières des voisins
s’allumer une à une. Je vais peut être passer pour une sorte de guide spirituel
qui a découvert sa science dans les livres à une piasse, mais si je devais vous
lancer un défis, ce serait celui-ci. Éteignez tout, ne serait-ce que pour
24h00, ça coute moins cher qu’une retraite dans les Laurentides, et peut être
par chance vous réaliserez que finalement plongés dans le noir, nous sommes
notre propre lumière.
Avec une belle conclusion quétaine, comme on les aime !
Avec une belle conclusion quétaine, comme on les aime !
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